Dollarisation

    1. Introduction

    La dollarisation désigne le phénomène par lequel une économie nationale utilise une monnaie étrangère, généralement le dollar américain, comme monnaie légale, monnaie de compte ou moyen de paiement. Elle peut être partielle ou totale, volontaire ou subie, selon les circonstances économiques et politiques. Ce processus intervient souvent dans des contextes d’instabilité monétaire ou de perte de confiance envers la monnaie nationale.

    Bien que le terme renvoie principalement à l’usage du dollar américain, on parle également de "euroïsation" ou d’"indexation monétaire" dans le cas d’autres devises étrangères. Toutefois, le dollar reste la monnaie la plus répandue dans ces situations.

    2. Formes de dollarisation

    On distingue trois formes principales de dollarisation, selon leur degré d’intégration dans l’économie :

    a) Dollarisation de fait (ou informelle)

    Il s’agit de l’usage du dollar pour certaines transactions privées, sans statut officiel. Cela concerne souvent :

    Cette forme est fréquente dans les économies à inflation élevée ou instables, même si la monnaie nationale reste officiellement en circulation.

    b) Dollarisation partielle (ou semi-officielle)

    Le dollar coexiste avec la monnaie nationale, mais avec un rôle élargi. Il est accepté légalement pour certains paiements et constitue une réserve de valeur importante. Le Système bancaire peut proposer des comptes en dollars. La politique monétaire reste théoriquement autonome, mais fortement limitée.

    c) Dollarisation officielle (ou totale)

    Dans ce cas, le pays abandonne totalement sa monnaie nationale et adopte le dollar comme unique monnaie légale. C’est un choix institutionnalisé et irréversible à court terme. Le pays n’émet plus de monnaie et renonce à sa souveraineté monétaire.

    Exemples :

    3. Raisons de la dollarisation

    a) Perte de confiance dans la monnaie nationale

    En cas d’hyperinflation, de déficits budgétaires chroniques, de dévaluations successives ou de crises bancaires, les agents économiques se détournent de leur monnaie domestique, jugée instable.

    b) Crises politiques et institutionnelles

    La dollarisation peut apparaître comme une solution d’urgence pour restaurer la confiance et éviter l’effondrement économique dans un contexte de gouvernance défaillante.

    c) Besoin de stabiliser l’économie

    Le dollar, perçu comme une monnaie forte et stable, offre un ancrage crédible aux prix. L’adopter permet de supprimer l’inflation importée et d’attirer des capitaux étrangers.

    4. Avantages de la dollarisation

    5. Inconvénients de la dollarisation

    6. Conditions de réussite

    La dollarisation ne peut fonctionner durablement que si plusieurs conditions sont réunies :

    Dans le cas contraire, elle peut conduire à une rigidité excessive et une fragilité économique accrue.

    7. Cas emblématiques

    a) L’Équateur

    Après une crise monétaire et financière majeure, l’Équateur a adopté le dollar en 2000. L’inflation a chuté rapidement, et la croissance est repartie, mais au prix d’une forte dépendance et d’une perte de capacité d’ajustement macroéconomique.

    b) Le Salvador

    A initié une dollarisation en 2001, sans crise préalable. Les résultats sont plus mitigés : inflation contenue, mais faible croissance et exclusion financière d’une partie de la population.

    c) Le Panama

    Utilise le dollar depuis 1904, sans avoir connu de monnaie nationale. Son économie est très ouverte et dollarisée depuis le début, ce qui explique la réussite relative de ce modèle.

    8. Conclusion

    La dollarisation constitue une solution radicale mais controversée à l’instabilité monétaire. Si elle peut apporter une stabilité immédiate, elle implique un renoncement à des instruments essentiels de politique économique. Elle n’est ni une panacée, ni un remède universel, mais une stratégie de dernier recours dans des contextes extrêmes. La clé de son efficacité réside dans l’environnement institutionnel, la discipline budgétaire et la flexibilité de l’économie réelle.