La création monétaire est un mécanisme fondamental de toute économie monétaire. Elle désigne le processus par lequel de la monnaie nouvelle est introduite dans l’économie, augmentant ainsi la masse monétaire en circulation. Loin d’être une opération marginale, elle est au cœur du financement de l’activité économique et de la stabilité macroéconomique. Elle résulte principalement des opérations de crédit des banques commerciales, encadrées par la Banque Centrale et influencées par la politique monétaire.
Les banques commerciales créent de la monnaie lorsqu’elles accordent un crédit à un agent économique. Ce crédit n’est pas prélevé sur des dépôts existants : il est inscrit ex nihilo au compte du client, créant ainsi de la monnaie scripturale.
Exemple : une entreprise obtient un prêt de 50 000 € pour financer un investissement. La banque crédite immédiatement son compte, sans mobiliser de fonds préalablement existants. Ce dépôt est utilisable, donc assimilable à de la monnaie nouvelle.
La Banque Centrale crée la monnaie centrale, utilisée dans le circuit interbancaire. Elle peut injecter de la monnaie :
Cette monnaie n’est pas directement en circulation chez les ménages, mais elle facilite l’activité bancaire et soutient indirectement la création de monnaie par les banques commerciales.
La création monétaire repose sur le système de réserve fractionnaire. Les banques ne sont tenues de garder en réserve qu’un pourcentage limité des dépôts, le reste pouvant être prêté. Ce fonctionnement engendre un effet multiplicateur.
$M = m \times B$
où :
Ainsi, un dépôt initial, via plusieurs cycles de prêt et redépôt, peut engendrer une masse monétaire bien plus importante que sa valeur d’origine.
Inversement, la destruction monétaire a lieu lorsque les crédits sont remboursés. Le remboursement d’un prêt efface la monnaie créée lors de son émission. Ce mécanisme est essentiel à la régulation de la masse monétaire dans le temps. D’autres événements peuvent entraîner une destruction monétaire, comme les faillites bancaires ou la diminution des bilans des banques centrales (en période de resserrement monétaire).
Un excès de création monétaire peut provoquer de l’inflation, c’est-à-dire une hausse généralisée des prix. La relation classique entre monnaie et inflation est formulée par l’équation quantitative de la monnaie :
$M \times V = P \times Y$
où :
Si M augmente plus vite que Y, et que V reste stable, alors P augmente : c’est l’inflation.
La création monétaire est au cœur de nombreux débats actuels :
La création monétaire n’est ni un phénomène magique, ni un tabou économique. Elle est un outil puissant, mais à manier avec prudence. Elle permet de financer l’activité réelle, d’amortir les chocs économiques, mais peut aussi générer des déséquilibres si elle échappe à toute régulation. Comprendre ses ressorts, ses limites et ses implications est indispensable pour analyser la dynamique monétaire d’une économie moderne.