La relance budgétaire est une politique économique qui consiste à stimuler l’activité économique par une augmentation des dépenses publiques ou une réduction des impôts. Elle appartient à l’arsenal de la politique budgétaire, pilotée par l’État, et vise principalement à sortir une économie d’une situation de récession, de chômage élevé ou de sous-utilisation des capacités productives.
Elle repose sur une idée simple : dans un contexte de demande globale insuffisante, l’État peut agir directement sur les composantes de la demande pour relancer la croissance et réduire le chômage.
La relance budgétaire repose sur le multiplicateur keynésien : une hausse des dépenses publiques ou une baisse des prélèvements obligatoires entraîne une augmentation du revenu disponible, qui stimule à son tour la consommation, l’investissement et donc la production.
Formule du multiplicateur :
$\Delta Y = \frac{1}{1 - c} \cdot \Delta G$
où :
- $\Delta Y$ est la variation du revenu national,
- $c$ est la propension marginale à consommer,
- $\Delta G$ est la variation des dépenses publiques.
Ainsi, une relance budgétaire de 10 milliards d’euros peut générer une hausse du PIB supérieure à 10 milliards, selon la valeur du multiplicateur.
Les États peuvent relancer l’économie par deux canaux :
- Relance par la dépense : augmentation des investissements publics (infrastructures, équipements, R&D), hausse des transferts sociaux, recrutement de fonctionnaires.
- Relance par la baisse des impôts : réduction de l’impôt sur le revenu, baisse de la TVA, exonérations de cotisations sociales, crédits d’impôt pour les entreprises.
Chaque instrument a des effets différenciés :
- Les hausses de dépenses publiques ont généralement un impact direct et rapide.
- Les baisses d’impôts peuvent dépendre de la propension à consommer des bénéficiaires (si les ménages épargnent, l’effet sera plus faible).
La réussite d’une relance budgétaire dépend de plusieurs facteurs :
- Existence de capacités de production inutilisées : si l’économie est en sous-emploi, une relance peut accroître la production sans générer d’inflation.
- Comportement des agents : si les ménages anticipent une hausse future des impôts pour compenser la dette publique (effet de Ricardo-Barro), ils peuvent épargner les transferts perçus.
- Ouverture extérieure : dans une économie ouverte, une partie de la relance peut “fuir” à l’étranger via les importations, ce qui réduit son efficacité.
- Contexte monétaire : si la banque centrale mène une politique monétaire accommodante, elle peut soutenir la relance en maintenant les taux d’intérêt bas. Sinon, un effet d’éviction peut limiter l’effet de la politique budgétaire.
4. Risques et critiques
Malgré ses avantages à court terme, la relance budgétaire peut soulever plusieurs critiques :
- Creusement du déficit public et augmentation de la dette publique, surtout si la relance est mal ciblée ou inefficace.
- Risque d’inflation si l’économie est proche de son plein emploi.
- Possibles effets d’éviction si le financement de la relance par l’emprunt provoque une hausse des taux d’intérêt, réduisant l’investissement privé.
- Perte de crédibilité budgétaire à long terme, pouvant provoquer une hausse des primes de risque sur les emprunts souverains.
5. Exemples historiques
- New Deal (États-Unis, 1933) : programme de relance budgétaire lancé par Franklin D. Roosevelt pour lutter contre la Grande Dépression.
- Plan de relance de 2008–2009 : face à la crise financière mondiale, de nombreux pays (dont la France) ont adopté des mesures budgétaires expansives pour soutenir l’activité.
- Plan de relance post-Covid (2020) : massives injections budgétaires (France Relance, NextGenerationEU) pour compenser l’effondrement de la demande pendant la pandémie.
Conclusion
La relance budgétaire est un outil puissant pour relancer une économie en crise, surtout lorsque les taux d’intérêt sont bas et que l’offre globale est sous-utilisée. Elle doit cependant être utilisée de manière ciblée, temporaire et cohérente avec la politique monétaire afin de maximiser ses effets et limiter ses risques. Dans les débats contemporains, elle est souvent opposée à la rigueur budgétaire, selon les diagnostics et les objectifs poursuivis.