La croissance de long terme désigne l’augmentation soutenue, sur plusieurs décennies, de la production de richesse d’un pays, mesurée généralement par le Produit Intérieur Brut réel (PIB réel). Elle s’oppose aux fluctuations conjoncturelles de court terme (récessions, reprises, cycles économiques) et reflète les facteurs structurels qui permettent à une économie d’améliorer durablement son niveau de vie et sa productivité globale.
Comprendre les moteurs de la croissance de long terme est essentiel pour concevoir des politiques économiques orientées vers le développement, le bien-être, l’innovation et la soutenabilité.
La croissance de long terme correspond à l’augmentation tendancielle du PIB réel sur une période prolongée. Elle ne dépend pas des chocs conjoncturels, mais des capacités structurelles d’une économie à produire davantage de biens et services.
Elle est souvent mesurée par :
$\text{Taux de croissance tendancielle} = \text{Variation annuelle moyenne du PIB réel sur 10 à 30 ans}$
Elle est intimement liée à la croissance potentielle, mais s’intéresse au réalisé sur le long terme, là où la croissance potentielle est une estimation théorique.
Les économistes identifient trois grands moteurs structurels de la croissance :
a) Capital physique
- Accumulation d’infrastructures, de machines, d’équipements.
- Taux d’investissement productif élevé.
- Amélioration de l’efficacité du capital.
b) Capital humain
- Éducation et formation de la population active.
- Santé publique et espérance de vie.
- Compétences, savoir-faire et innovations sociales.
c) Progrès technique
- Amélioration de la productivité totale des facteurs (PTF).
- Innovations technologiques, R&D, diffusion du numérique.
- Gains organisationnels et gestionnaires.
Ces éléments sont souvent réunis dans des fonctions de production comme le modèle de Solow :
$Y = A \cdot K^\alpha \cdot L^{1 - \alpha}$
où :
- $A$ = progrès technologique,
- $K$ = capital,
- $L$ = travail.
Le progrès technique ($A$) est le moteur principal à long terme.
a) Modèle de Solow (croissance exogène)
- Le progrès technique est exogène et détermine la croissance à long terme.
- L’accumulation de capital seule ne peut soutenir une croissance infinie (rendements décroissants).
b) Théories de la croissance endogène (Romer, Lucas)
- Le progrès technique est endogène : il résulte des investissements dans la R&D, l’éducation, ou l’apprentissage par la pratique.
- Les rendements peuvent être croissants dans certaines conditions (effets de réseau, externalités positives).
c) Approches institutionnelles
- La qualité des institutions (droit de propriété, stabilité politique, système éducatif, infrastructures) est fondamentale.
- L’absence de corruption, la démocratie, et la bonne gouvernance sont corrélées à une croissance durable.
4. Mesure et comparaisons internationales
- La croissance de long terme permet de comparer le développement économique entre pays.
- Les pays émergents peuvent avoir une croissance plus rapide (effet de rattrapage).
- Les pays développés ont souvent une croissance plus lente mais plus stable.
- Exemples :
- États-Unis : 2–2,5 % par an en moyenne sur les 50 dernières années.
- Chine : >6 % en moyenne entre 1980 et 2020.
- Zone euro : autour de 1–1,5 % depuis les années 2000.
a) Productivité en berne
- Depuis les années 2000, le ralentissement de la productivité inquiète les économistes.
- Les gains issus du numérique ou des services sont plus difficiles à capter.
b) Vieillissement démographique
- Réduction de la population active dans les pays développés.
- Moins de contributeurs potentiels à la croissance du PIB.
c) Transition écologique
- Nécessité d’une croissance verte compatible avec les limites planétaires.
- Invention de nouveaux modèles de croissance bas-carbone, circulaire, résiliente.
d) Inégalités et cohésion sociale
- La croissance ne bénéficie pas toujours équitablement à l’ensemble de la population.
- Le lien entre croissance et bien-être est de plus en plus questionné.
- Investissements publics productifs : infrastructures, numérique, énergies renouvelables.
- Soutien à la R&D et à l’innovation.
- Réformes du système éducatif et formation tout au long de la vie.
- Stabilité macroéconomique et respect des règles de droit.
- Incitations fiscales à l’investissement privé et à l’entrepreneuriat.
- Politiques de soutien à l’inclusion sociale, à la mobilité, à l’égalité des chances.
Conclusion
La croissance de long terme est un objectif stratégique qui conditionne le niveau de vie futur, la soutenabilité des systèmes sociaux et la capacité d’un pays à faire face aux transitions. Elle repose sur des facteurs profonds : progrès technique, capital humain, institutions, environnement. La priorité n’est plus seulement d’augmenter le PIB, mais de promouvoir une croissance durable, inclusive et qualitative, capable de répondre aux grands défis du XXIe siècle.